Ce malaise qui ne passe pas : lecture de L’Échiquier du Mal de Dan Simmons

Dan Simmons m’avait déjà happée avec Endymion. Mais L’Échiquier du Mal, lui, m’a glacée. Aujourd’hui, j’aimerais revenir sur ce roman d’une horreur glaçante, à travers un passage qui ne m’a jamais quittée.

Dans L’Échiquier du Mal, l’auteur excelle dans l’art de plonger ses lecteurs dans une horreur subtile, à la fois fascinante et glaçante. Un passage marquant – sans spoiler l’intrigue – illustre parfaitement cette maîtrise glaçante :

« Je souris et reculais d’un pas. Les femmes de mon âge sont censées adorer les chats, en emplir leur domicile à la moindre occasion et bêtifier sur ces créatures perfides et arrogantes. Quand j’étais enfant – j’avais à peine six ou sept ans -, ma tante amenait son siamois obèse lors de chacune de ses visites estivales. Je redoutais toujours que cette bête ne vienne se coucher sur mon visage pendant la nuit et me fasse périr étouffée. Je me rappelle avoir fourré ce chat dans un sac de jute par un bel après-midi, alors que les adultes dégustaient une citronnade dans la cour. Je l’ai noyé dans le réservoir, derrière la remise du voisin, et j’ai abandonné son cadavre ruisselant derrière un appentis où une meute de chiens jaunes se rassemblait fréquemment. »

En quelques lignes, Simmons nous transporte dans un souvenir d’enfance empreint d’une violence dérangeante. La description presque comique d’un chat obèse, le contraste entre un bel après-midi d’été et l’acte cruel d’une enfant de 7 ans, puis la nostalgie incongrue de la narratrice face à l’horreur… Tout contribue à un malaise profond.

Ce passage ne sert pas de présentation au personnage, mais arrive plus tard dans le récit, laissant le lecteur descendre progressivement dans l’horreur. Une subtilité dérangeante, qui rend l’expérience presque inavouable… et pourtant inoubliable.

Et vous, avez-vous lu L’Échiquier du Mal ? Quels passages vous ont marqué ?


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