Le vertige de l’après

Ce matin, je l’ai envoyé.
Chant Brisé.
À trois maisons d’édition. Trois clics. Trois décharges. Trois vides.

Je croyais que je bondirais de joie, que je pleurerais, que je hurlerais dans un oreiller.

Mais je n’ai rien fait. Rien.

J’ai refermé l’ordinateur. J’ai regardé le plafond. Et je me suis demandé ce que je devenais maintenant.

Mais mes mains sont restées en suspens.

Ce roman m’a tenue, traversée, fracturée. Il a poussé dans mes nerfs, dans mes insomnies, dans mes silences. Il m’a coûté. Et pourtant je l’ai écrit jusqu’au bout. Je l’ai porté. Et maintenant qu’il est parti, j’ai cette drôle d’impression d’avoir été désertée.

Le texte est toujours là, sur mon disque dur, dans mes carnets. Mais ce n’est plus le même. Il est en attente ailleurs. Dans des boîtes mails. Dans des agendas saturés. Dans l’œil de quelqu’un, peut-être.
Et s’il n’est nulle part, ça aussi, il faudra l’accepter.

Je n’écris pas ces lignes pour me consoler. Je ne cherche pas les encouragements, ni la validation. Je cherche juste à marquer le point de bascule. Ce moment d’après. Celui où tout s’est tu.

Je sais que je vais écrire à nouveau. Je sais que l’élan reviendra. Mais je veux aussi laisser ce vide-là exister. Ce vertige.


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