La tendresse en deuil

Il y a des textes qui surgissent comme ça, à la frontière d’un geste qu’on n’a pas eu le courage de faire.
Pas d’explosion. Pas de drame. Juste une tension qui persiste dans l’air.
Un silence qui ne protège plus, mais qui endort.

Ce poème ne raconte rien. Il suggère une absence. Une sorte de dérèglement doux.
Les mots avancent à pas feutrés. Ils s’arrêtent avant la chute, mais le vertige est là.

On pourrait y voir un matin comme un autre, un souffle en creux, un lien qui se défait sans bruit.
Mais ce qui m’intéresse ici, ce n’est pas la rupture. C’est le moment juste avant.
Quand la gravité se dérègle. Quand la tendresse ne sait plus si elle doit rester.

Il y a dans ce texte une pudeur, un retrait. Une sorte d’élégie minimale.
C’est peut-être cela que j’essaie de tenir.
Un éclat discret de ce qui se défait sans éclats.

Ce matin-là, un silence.
Pas de ceux qui apaisent, non.
De ceux qui anesthésient.

Une atmosphère ouatée.
Une distance qui s’allonge à l’infini.
Une gravité qui n’attire plus, mais qui repousse.

Une tendresse en deuil.
Des gestes retenus.
Comme un train qui quitterait ses rails.


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