Quand j’écris à quelqu’un que j’aime

Je pourrais dire que j’écris comme on respire. Mais ce serait faux. J’écris comme on retient son souffle.

Quand j’écris à quelqu’un que j’aime, il ne s’agit pas d’expliquer. Ni d’être brillante. Ni de faire bonne impression. Ce n’est même pas une question d’être sincère. C’est plus trouble que ça. Plus instinctif. Plus nu.

Ce que je cherche alors, ce n’est pas la bonne tournure. C’est la note juste. Celle qui vibre en moi et qui, peut-être, vibrera aussi en l’autre. J’écris pour que quelque chose circule. Pas pour clôturer. Pas pour prouver.

J’ai des gestes que je retrouve presque à chaque fois. Je cherche une musique. Celle qui fait basculer l’attention vers l’intérieur. Je lis, je relis, mais je ne corrige pas tout. Il faut que la nervure reste visible. Parfois je glisse une phrase que je sais trop risquée, mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est elle qui dit l’essentiel.

Il y a une solitude particulière dans cette écriture-là. On est seul face à l’autre. Seul face à ce qu’on risque, ce qu’on offre, ce qu’on expose sans garantie. Et pourtant, dans cette solitude, il y a un lien qui se tend. Fragile. Vivant.

Ce n’est pas une écriture spectaculaire. Ce n’est pas une écriture destinée à durer. Et pourtant, ce sont parfois ces lettres, ces messages, ces fragments envoyés dans l’ombre qui laissent les traces les plus vives.

Quand j’écris à quelqu’un que j’aime, je ne sais jamais exactement ce que je suis en train de faire. Mais je sais que j’y suis entière.


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