Il y a des violences qui ne crient pas. Des phrases qu’on n’entend pas tout de suite, mais qui s’insinuent. Qui traversent le corps sans alerte, puis s’y logent. Comme un poison doux.
Venin calme est né de cette sensation-là. D’un mot neutre qui déstabilise. D’un retournement invisible. De cette manière qu’a parfois le réel de se fissurer dans l’infime. Sans fracas. Sans annonce.
Ce n’est pas un texte sur la colère. C’est un texte sur l’impact de ce qui ne se nomme pas. Sur le froid qui monte sans prévenir. Sur la morsure lente de ce qui semblait inoffensif. Sur la perte de soi, brève, mais totale.
Certains mots glissent. Et laissent des traces acides.
Un retournement. Un mot posé l’air de rien.
La neutralité absolue du ton.
Un poison qui glisse.
Doux, suave.Et toi qui vacille.
Dépossédée de toi.
Rien ne vient.
Sauf le vertige.Tu sens un froid qui t’atteint jusqu’aux os.
Une gifle glacée.
Une violence tendre.
Et l’aigreur te mord.
Je crois qu’on sous-estime ce que les mots « neutres » peuvent faire. Parfois, c’est un ton plat qui efface une personne entière. Ce poème est un point d’ancrage. Ou une tentative.

Laisser un commentaire